Une sombre réalité par trop méconnue…

Un fascisme roumain Histoire de la Garde de fer 193x300 - Une sombre réalité par trop méconnue…

 

Docteur habilité à diriger des recherches en histoire, ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud, Traian Sandu est actuellement professeur agrégé au Centre Interuniversitaire d’Études hongroises de l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Il a publié plusieurs ouvrages dont, chez Perrin, une Histoire de la Roumanie.

 

On lui doit aux Éditions Perrin à Paris Un fascisme roumain – Histoire de la Garde de fer, un ouvrage volumineux qui narre par le menu l’histoire du troisième fascisme dans l’Europe de l’entre-deux-guerres, après le nazisme et le fascisme italien.

 

Ses assises reposaient sur une organisation de masse née en 1927, la légion de l’Archange Michel, appelée aussi mouvement de la Garde de fer, fondée par le « Capitanul » Corneliu Zelea Codreanu (né en septembre 1899 et fusillé sur ordre du roi Carol II en novembre 1938, c’était en réalité un instituteur d’origine polonaise, de son vrai nom Kornelius Zieliński) qui militait violemment contre la démocratie parlementaire, les juifs, les communistes, les francs-maçons ainsi que contre des artistes jugés « décadents », mais surtout pour soutenir la religion chrétienne et le nationalisme roumain.

 

Cette milice compta parmi ses « exploits » l’assassinat de deux Premiers ministres (les libéraux Ion Duca en 1933 et Armand Călinescu en 1940), l’embrigadement d’une grande partie des étudiants – dont la fraction la plus brillante des jeunes intellectuels spiritualistes comme Mircea Eliade (1907-1986) ou modernistes comme le jeune Emil Cioran (1911-1995) –, la mise en place d’une véritable contre-société au sein de ses « nids » [1], et enfin, en 1937, le plus beau succès électoral d’un parti fasciste après ceux du NSDAP hitlérien en 1932.

 

Son idéologie marqua profondément la politique antisémite du maréchal Ion Victor Antonescu (1882-1946) [2] durant la Seconde Guerre mondiale ainsi que le national-communisme de Nicolae Ceaușescu (1918-1989) et elle continue son œuvre délétère à travers la forme spécifique de populisme qui aujourd’hui empeste l’air à Bucarest et infecte celui de la plupart des pays d’Europe orientale.

 

Bernard DELCORD

 

Un fascisme roumain – Histoire de la Garde de fer par Traian Sandu, Paris, Éditions Perrin, mars 2014, 494 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 24,50 € (prix France)

[1] Il s’agit de cellules politiques de type paramilitaire réparties sur le territoire (surtout rural) à partir desquelles se diffuse l’idéologie codréaniste et s’effectue le recrutement des membres.

[2] Chef du gouvernement roumain avec le titre de « chef de l’État du royaume de Roumanie » de 1940 à 1944. Appelé Conducător (« guide ») et classé à l’extrême droite de l’échiquier politique, il engage son pays aux côtés de l’Allemagne nazie dans la Seconde Guerre mondiale, en étroite coordination avec l’ambassadeur allemand à Bucarest, Manfred von Killinger. Destitué lors du passage de la Roumanie du côté Allié, il est livré à l’URSS à la demande de Joseph Staline puis, après un an de détention, ramené en Roumanie où il est jugé, condamné à mort et fusillé pour crimes de guerre. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ion_Antonescu)

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